Benjamin Laroche: Méthode Jacotot en présence de l'Enseignement Universitaire -3
CHAPITRE II.
Exposition des principes de l'enseignement universel. Éducation par soi-même. Égalité des intelligences. Tout est dans tout. Savoir quelque chose, y rapporter tout le reste.
Une bonne méthode serait celle qui ferait précisément le contraire de ce que nous venons de voir; une méthode qui prendrait le contre-pied de la méthode universitaire.
Dans l'état actuel de l'instruction publique, l'élève ne joue qu'un rôle passif; le rôle actif est réservé au maître. Une bonne méthode devrait rendre au contraire le rôle de l'élève actif, et réserver au maître le rôle passif. Maintenant c'est le maître qui agit; l'élève le regarde faire. Ce devrait être à l'élève à agir, au maître à le voir faire. Nous voulons que le maître pense pour les élèves; les élèves au contraire devraient penser seuls et par eux-mêmes.
Il existe une méthode qui fait ce que nous disons là. C'est celle qui est connue sous le nom d'Enseignement universel, ou l'Émancipation intellectuelle : ces deux noms lui conviennent également; elle les mérite évidemment.
C'est l'enseignement universel, car elle s'applique à l'enseignement de toutes les connaissances humaines;
c'est l'émancipation intellectuelle : car elle émancipe le genre humain de la férule des professeurs ; elle affranchit l'esprit humain des entraves que lui imposaient depuis des milliers d'années la routine et le pédantisme. M. Jacotot a la gloire de l'avoir trouvée et proclamée. Voyons en quoi cette méthode consiste, voyons si effectivement elle fait mieux que ce qui l'a précédée ; elle commence par établir ce principe :
Que Dieu a formé l'âme humaine capable de s'instruire elle-même.
Et procédant d'après ce principe fondamental, elle ne veut pas que le maître dise à l'élève ce qu'il doit savoir; elle veut que l'élève l'apprenne par lui-même, et sans le secours d'autre que de lui-même. Elle dit à l'élève : vois.
Et quand l'élève a vu, elle lui demande : qu 'as-tu -vu?
Mais elle ne lui dit pas ce qu'il a vu, car l'élève qui a vu, sait mieux que personne ce qu'il a vu.