Durietz : A propos des compositions - 1

Publié le par Joseph Jacotot



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DURIETZ
LANGUE MATERNELLE

Quatrième exercice - 1



    Faire des réflexions sur des passages ou sur des phrases détachées du Télémaque.


Ces premières réflexions, dit Monsieur Jacotot, que fera l'élève en lisant attentivement, vous instruiront de ce que vous pouvez attendre de lui. Il apprend, par ces exercices, à ne se défier que de sa mémoire et de son attention.

Ils peuvent tous voir quelque chose et l'exprimer.

Exemple:

 RÉFLEXIONS SUR LE PASSAGE DU COMBAT DE TÉLÉMAQUE CONTRE LE LION (LIVRE  II)

" L' homme courageux est toujours prêt à combattre, fût-il même sans armes. Il sait profiter des moindres avantages qu'il rencontre; il ne se trouble point à la vue du péril, quelque grand qu'il soit, et sa valeur augmente avec le danger."

Question -  Que signifie le mot  valeur?
Réponse - Le courage mis en action
D. - En quel passage de votre livre avez-vous lu cela?
R. - Dans ceux-ci: Long-temps sa valeur le soutint contre la multitude ( Liv. II) Je le suis de près, mais je ne puis égaler sa valeur ( Liv. premier) Phalante avait un frère nommé Hippias, célèbre dans toute l'armée par sa valeur ( Liv. XVI)

On exige de plus, qu'il montre le fait qui lui a fait dire: Ne se trouble point, et Vue du péril , et encore Quelque grand qu'il soit.

    On voit  que ces compositions ne sont plus de simple imitations, mais le produit de ses propres réflexions d'après les faits de son livre. Ainsi, dit Monsieur Jacotot, quelque difficulté qu'éprouve l'élève à réfléchir sur un petit nombre de faits, il est bon qu'il apprenne à les combiner pour en tirer le plus grand nombre possible de réflexions.

    Voilà la route, il ne faut point s'en écarter: le propre de l'intelligence est de saisir tous les détails du fait qu'elle considère, elle fait le triage de ceux qui peuvent l'éclairer sur l'objet de ses recherches. L'objet qu'on étudie, débarrassé, pour ainsi dire, d'enveloppes étrangères, paraît sous la forme qui lui est propre.

    Il ne reste plus qu'à généraliser ce qu'on voit, l'expression transmet l'image de ce qu'on a pensé, avec les sentimens que l'on a éprouvés.

    Les compositions que l'on va lire reposent sur ce principe.

  Dans les commencemens, le maître propose lui-même les sujets de composition, en indiquant à l'élève les endroits de son livre où il peut puiser ses réflexions. Après que toutes ces réflexions ont été justifiées ainsi que nous le verrrons, on vérifie s'il comprend bien le sens de tous les mots dont il s'est servi.

    Insensiblement l'élève s'étend davantage, sans jamais faire au hasard ce qu'on appelle des amplifications., puisqu'il voit toujours ce qu'il dit dans les différens faits.

    On peut lui donner de nouveau le même sujet à traiter sur le combat du lion, en demandant plus de détails, c'est-à-dire en regardant un plus grand nombre de faits sur le courage, la valeur, ainsi que cela pourra se voir dans les compositions sur ce sujet que nous allons produire.

   Il faut rejeter la plus exacte des réflexions, non pas comme mauvaise mais comme hors de la question proposée, si l'élève ne peut en montrer la source dans le cercle où il a été enfermé à dessein.

   On prend ensuite successivement pour sujet de composition les vertus, les vices, les défauts ou les bonnes qualités; tels l'orgueil, la vanité, la présomption, l'avarice, l'hypocrisie, l'égoîsme, la charité, la bienveillance, la bienfaisance, la vertu, la sagesse etc.


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